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Mme ELISABETH GONDET

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GERGY

Présentation – Histoire- Vocable :

L’église de Gergy placée sous le vocable de Saint Germain d’Auxerre a été bâtie sur l’emplacement d’un lieu de culte très ancien, peut-être l’oratoire d’une villa rustique « fundus gergiacus » - qui a donné son nom au village -…ou une chapelle de cimetière…En tout cas une église existait à la fin du VIe siècle. A cette église mérovingienne a dû succéder dans le premier tiers du XIe siècle une nouvelle construction de facture romane. Le vocable de Saint Germain fut choisi par Hugues de Chalon (999-1033) évêque d’Auxerre et maître du Chalonnais, à même de posséder des reliques du saint. L’église actuelle a vraisemblablement succédé à cette église romane. Elle est sortie de terre par la volonté du prieur de Saint Marcel, grâce aux deniers de la bonne dame de Gergy, Béatrice de Réon, au talent d’un architecte inconnu et à la sueur des Gergotins. De la première moitié du XIIIe siècle, elle est de style gothique primitif comme celles de Saint Marcel, de Fontaines, de Chagny, de Saint Loup de La Salle ou de Chaudenay… L’église est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques (MH) le 22 juillet 1937. « Acte de foi, œuvre d’art, intime alliance de la beauté et de l’esprit dans un jaillissement qui fut torride comme la lave, c’est la maison de Dieu parmi les hommes… » Claude Joannelle, historien, in Une église et des hommes, 1987.

 

STYLE :

L’intérieur de l’église est restauré à partir de 1985. Puis quatre phases de travaux seront réalisées : en 2013- 2014 (façade ouest et clocher), 2015 (nef et chevet), 2016 (bas-côté nord), 2017 (réfection du bas-côté sud avec la petite porte et la litre seigneuriale). L’association gergotine A.QUA.VIE, présidée par André MALFONDET, participera au coût des travaux.

C’est la partie la plus intéressante, anormalement élevée pour une église rurale. Elle est voûtée sur croisée d’ogives. Elle comporte deux travées sur plan carré de 7m x 7m. Chacune d’elles a pour arcs diagonaux de très fines nervures qui retombent sur de petites consoles placées immédiatement à la naissance des arcs. Chacun des deux murs gouttereaux est percé de deux grandes arcades latérales brisées en tiers-point. Les piliers à section cruciforme (2), auxquels sont accolés des pilastres ou des colonnes engagées, sont avec le chevet plat les éléments caractéristiques des premières églises gothiques chalonnaises. L’absence de transept est compensée par une 3e travée double (1) de

8 m x 7 m, compartimentée par un arc doubleau intermédiaire qui délimite deux croisées d’ogives sur plan barlong transversal. Les branches d’ogives extérieures retombent sur des colonnettes à chapiteaux reposant sur des consoles. Deux de ces consoles ont disparu. Les grandes arcades ont ici disparu pour faire place à un mur plein, échancré par des ouvertures de formes diverses : un passage en arc surbaissé et une petite porte rectangulaire dans le mur méridional, un autre passage en arc surbaissé et une arcade basse brisée dans l’autre mur. Les bas-côtés correspondant à cette double travée sont voûtés en berceau brisé. En outre, les deux murs latéraux sont marqués d’un cordon en forme de corniche moulurée.

 

L'église de Gergy possède de beaux chapiteaux à crochets, caractéristiques du XIIIe siècle qui font d'elle une tapisserie des mille fleurs, sans oublier les masques de carnaval qui ornent les consoles. Le seul chapiteau historié est celui qui orne la colonne engagée du premier chapiteau côté sud de la nef. Nous devinons un clerc, reconnaissable à sa tonsure, qui dispute un pain à un griffon, symbole du mal, parmi des ceps de vigne et des grappes de raisins que dévorent deux chiens.

Selon M. Raymond Oursel, qui fut conservateur des archives de Saône et Loire, il pourrait illustrer la thèse de saint Thomas d’Aquin, selon laquelle les bons et les mauvais mangent pareillement cette nourriture (la chair du Christ, le pain) et boivent ce sang (le vin, fruit de la vigne), mais en reçoivent des effets contraires : la vie ou la mort.

 

Ce n’est pas le clocher primitif : celui-ci est un clocher carré dont la base a été refaite en 1644 après une destruction totale par la foudre. La flèche pyramidale a été réparée en 1826 après un ouragan, puis en 1959, après avoir été frappée par la foudre. En 2013 la toiture a entièrement été restaurée et un nouveau coq a remplacé celui de 1959. Les bas-côtés Très bas et à toiture en appentis, sont accostés aux murs de la nef à près de deux mètres en dessous de la corniche. La corniche à modillons qui ceinture la toiture de la nef, est typique de l’art bourguignon. Lors des travaux de restauration, une bande peinte en noir et ponctuée de blasons a été découverte. Il s’agissait de deux litres qui sont reproduites sur le mur intérieur du bas-côté sud, face et à droite de la petite porte latérale.

A partir du XIVe siècle, à la mort d’un seigneur, on peignait sur le pourtour des murs intérieurs ou extérieurs de l’église une bande de couleur noire appelée litre sur laquelle se détachaient les armoiries du seigneur. Le droit de litre était un droit seigneurial. Seul le seigneur hautjusticier avait le droit de litre à l’extérieur de l’église. Ces litres n’étaient pas destinées à passer les siècles : elles étaient là pour informer la population que le seigneur du lieu était mort. Elles sont parvenues jusqu’à nous, protégées par l’appendice qui a été démoli.

D’après les textes et les blasons, la 1ere litre appartenait à la famille Languet. Augustin Languet, chanoine de Chalon, acquit Gergy en 1655 du prince de Condé et l’offrit en cadeau de mariage à son neveu Denis, en 1661. Cette litre fut peinte en 1734 pour le décès de Saint Antoine  dans le bas-côté sud, 2e travée - cette statue découverte en 1986 est en calcaire crayeux, vraisemblablement de l’école bourguignonne du XVe . Saint Antoine l’Egyptien, fondateur du monachisme oriental, se reconnaît à la clochette, au bâton (tau), au livre de prières, aux flammes (mal des Ardents) et au porc. Jacques-Vincent Languet, fils de Denis : il avait été ambassadeur à Venise et pour le remercier des services rendus à la France, le roi Louis XIV avait érigé en 1706 la terre de Gergy en comté !

La 2eme litre fut peinte en 1767 pour le décès de Louis Cardevac d’Havrincourt qui avait épousé Antoinette Languet -fille unique de Jacques-Vincent- et qui, par ce mariage, était devenu comte de Gergy.

Le chevet plat cistercien, n’oublions pas que nous sommes proches de Cîteaux, de la Ferté et de Maizières, ce chevet plat tout en élévation fait de l’église un des fleurons de l’art gothique primitif en Bourgogne. Il comporte un repositoire eucharistique du XVe siècle classé MH en 1935 et restauré en 2015. Cette petite fenêtre comporte une grille placée devant l’ouverture pourvue d’un remplage en pierre. Elle communiquait avec une armoire eucharistique placée dans le chœur et destinée à recevoir les hosties consacrées et les saintes huiles. Le rôle de ces repositoires a donné matière à de nombreuses hypothèses. La grille en fer forgé permettait de voir, de l'extérieur, la lampe du Saint Sacrement, signe de la présence eucharistique.

 

« Moi, je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. À celui qui a soif, moi, je donnerai l'eau de la source de vie, gratuitement. » Apocalypse 21, 6. L’alpha et l’oméga, 1ère et dernière lettre de l’alphabet grec, désignant le Christ, ornent les médaillons du portail d’entrée.

 

Saint Germain, évêque d'Auxerre (✝ 448), était marié et remplissait de hautes fonctions officielles quand il devint évêque d'Auxerre en 418. C'est l'une des plus grandes figures épiscopales de son époque. Son influence s'étendit à la Gaule toute entière tant il était estimé aussi bien des chefs barbares que des empereurs. La mort vint le chercher à Ravenne, alors capitale impériale de l'Occident où il était venu plaider la cause des Bretons maltraités par les gouverneurs impériaux.

Eglise Gergy Paroisse, St Paul Apôtre, Chalon-sur-Saône 71
Eglise Gergy Paroisse, St Paul Apôtre, Chalon-sur-Saône 71
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